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TERRE-NEUVAS
… à mon ami Jean-Claude Delahaye
Vos mains aux morsures de sel,
Vos bras de treuil et de cordage,
Vos yeux dessinant dans le ciel
Trente cœurs pour un équipage.
La terre, fugitif exil,
La mer sempiternelle épreuve,
La vie qui danse sur un fil
Dans les brumes de Terre-Neuve.
Trancheur, ébreuilleur ou saleur,
Gogotier au fond de la cale,
Vos barbes glacées de malheur
Prenaient la mort pour une escale.
Ah, dernier émerveillement !
Dernier baiser, dernière étreinte
Et pour maquiller le tourment
La Gauloise jamais éteinte.
A quoi bon céder au chagrin ?
A quoi bon vouloir lâcher prise ?
Vos larmes seront des embruns
Dans la tempête ou dans la brise.
Je conserve le mal de vous
En déambulant sur la grève ;
Grainval… diamant vent debout
Comme une bulle au loin qui crève.
Ecoutez, matelots, ce chœur
De Saint-Etienne à l’Abbatiale !
J’écris pour vous, pauvres pêcheurs
Qui saviez parler aux étoiles.
© Daniel Cuvilliez (Renier l’absence)
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