Démonstration du travail de la morue pratiqué à bord des chalutiers classiques de Grande Pêche

La pêche morutière ayant cessé définitivement en 1987 à Fécamp, peu de personnes se souviennent du métier qui a fait la richesse de Fécamp et de sa région 5 siècles durant. Des grands chalutiers de 70 mètres de longueur pouvant ramener plus de 1 000 tonnes de morues salées, chacun armé d’une soixantaine d’hommes d’équipage, partaient pour des voyages de 3 ou 5 mois dans des conditions de vie plus que sommaires.

Nos amis de l’Association « Mémoire & Patrimoine des Terre-Neuvas » de Saint-Malo ont eu l’idée de construire à l’identique les parcs à poissons comme ils l’étaient sur le pont des chalutiers classiques, pour montrer comment la morue était vidée, étêtée, tranchée et lavée.

Pour ces fêtes de la mer, ils ont accepté notre invitation afin de contribuer à notre engagement pour la Chapelle. C’était une première à Fécamp. Notre Président Daniel Savoye et Jacques Benard, le Président de l’Association « Mémoire & Patrimoine des Terre-Neuvas » de Saint-Malo, se sont relayés pour commenter, étape par étape, cette chaîne du travail de la morue. Ces démonstrations ont captivé énormément de curieux.

Il faut d’abord monter le cirque : le cirque est le nom que l’on donnait aux parcs à poissons. Ces parcs sont démontés et lavés en fin de campagne de pêche pour laisser le pont libre lors de la livraison du poisson au port. Ils sont montés la veille d’arriver sur les lieux de pêche et chaque marin, selon son poste ou sa fonction, le personnalisait.

Le piqueur : le poisson pêché est déversé dans le premier parc. Le piqueur, à l’aide d’un piquoir (bâton munit d’un fer), fait le tri de la morue, les autres poissons seront rejetés à la mer.

Le poisson, piqué dans l’œil pour ne pas endommager la chair, sera déposé dans le parc suivant.

L’ébreuilleur : enlève les breuilles (les viscères). Il pique la tête de la morue sur un pic en fer (élongeur) de façon à avoir les 2 mains libres (l’une tient le couteau, l’autre maintient le poisson). Les breuilles sont déposées dans une gouttière au bout de laquelle le gogotier sépare le foie de morue pour en extraire cette fameuse « huile de foie de morue ».

Le décolleur : coupe la tête en tenant la morue sur une planche appelée « guillotine ».

A condition de toujours avoir 3 morues d’avance sur la table de son trancheur, le décolleur est autorisé (pour son compte personnel) à ôter la langue de morue. Les jeunes matelots, entre 18 et 20 ans, occupent cette fonction. Ce petit plus leur permettra de subvenir à leurs besoins durant leurs obligations militaires qui, à cette époque, duraient 28 mois.

C’est sur son temps de repos qu’il devra laver, saler et entreposer ses langues, dans des barils qu’il avait embarqués avant le départ.

Couteau piqueur (pour enlever les viscères) ou décolleur (pour couper la tête).

Le trancheur : fera d’un poisson rond un poisson plat en ôtant l’arête centrale avec un couteau spécial.

Le poisson ainsi préparé est entreposé à plat dans la cale, la peau dessous et du sel est déposé sur toute la surface de la chair.

De cette façon, le poisson mieux salé prend également moins de place dans la cale.

Couteau trancheur pour enlever l’arête centrale.

Le mousse et le novice : le mousse, âgé de 14 à 16 ans, et le novice, de 16 à 18 ans, ont les mêmes horaires que tous les hommes travaillant sur le pont.

Ils nettoient la morue, ôtent les traces de sang pouvant rester avant que le poisson soit mis en cale pour y être salé.

Pendant les 12 heures de travail* ils ont constamment les pieds et les mains dans l’eau.

* A Terre-Neuve, une journée ne fait que 18 heures : 12 heures de travail et 6 heures de repos sur lesquelles il faut prendre 2 repas. Tous les jours les horaires changent : sur une période de 3 jours nous travaillons 4 périodes de 12 heures. Soit une moyenne de 16 heures par jour, sans dimanches ni jours fériés.

Le saleur : Jacques, le Président de l’Association « Mémoire & Patrimoine des Terre-Neuvas », a joué le rôle du saleur.
(Le quai Bérigny ne permet pas de représenter une cale à poisson.)

Les morues fraîchement tranchées ont été salées et vendues au prix de 40 € la morue entière ou 20 € la demi-morue (soit approximativement 18 à 20 €/kilo).

Les associations de Terre-neuvas de Fécamp et de Saint-Malo ont effectué bénévolement cette démonstration et la vente de la morue. Les bénéfices seront versés sur le compte de l’« Association des Terre-Neuvas de Fécamp » pour la restauration de la Chapelle Notre-Dame-du-Salut.

Il reste quelques morues à vendre. Bien salées et au frais comme nous le pratiquions à l’époque, elles se conserveront pendant plusieurs mois. Si vous êtes intéressés contactez nous au 06 17 94 28 91

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